Les Anciennes Beynoises

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Peugeot 404 Super Luxe……1969

Février 2001.

Ça faisait un petit moment que je cherchais une voiture rétro mais à conduite moderne. Depuis deux ans, je roulais en région parisienne avec ma bonne vieille 404 berline blanche de 1967 que j’avais déjà depuis des années. Elle marchait très bien mais je voulais la remettre au repos dans sa campagne au profit d’une voiture ancienne éventuellement plus petite mais surtout plus adaptée à la circulation urbaine, avec freins à disques et en parfait état. Jusqu’à présent, mes recherches étaient restées vaines.

Un jour à Vincennes, un bonhomme d’un certain age s’approche de moi, vélo à la main,  regarde ma voiture d’un air insistant et me demande si ça m’intéresse d’en avoir une deuxième. Une deuxième berline ? Je ne suis pas très chaud, j’espérais quelque chose d’autre. Ceci dit, ça reste quand même une 404 et comme je suis mordu depuis des lustres, je ne reste pas indifférent. En plus, le bougre me montre quelques photos. C’est qu’elle n’a pas l’air mal, sur les photos, en tout cas, elle a l’air particulièrement saine, mais il faut toujours se méfier des photos. C’est un des derniers modèles Super-Luxe d’octobre 1968.un modèle 69 donc, avec nouvelle grille de vitesse et freins à disques à l’avant. Il n’y en a pas eu beaucoup car les super luxe ont été arrêtées en été 1968 au moment de la sortie de la 504. On la voit de profil, de trois quarts. Elle a une belle couleur bleue métallisée que je ne connaissais pas sur cette voiture. Le type m’assure que c’est sa peinture d’origine et que ce ne sera pas difficile à vérifier. Ça c’est certain. Par contre, je me rends très vite compte que la voiture croule sous une montagne d’accessoires d’époque plus ou moins superflus, notamment des rétroviseurs d’ailes en obus qui selon moi, cassent la ligne de la voiture. En revanche d’autres accessoires sont plus élégants et parfois rares comme une ligne de coffre chromée, des sabots d’ailes, des baguettes de bas de caisse, elle se pare encore de panneaux de custode, de bavettes de roues arrière, de deux enjoliveurs de toit ouvrant et d’essuie glace sans compter des rideaux à l’intérieur, un système anti-buée. Il y a sans doute du ménage à faire.

Dans le même temps, le bonhomme m’explique qu’il a acheté cette voiture neuve et que depuis, il s’en occupe en la nettoyant 2 à 3 fois par jour, faisant les passages de roues dès qu’il pleut et briquant son moteur tous les 6 mois. Ça paraît absolument invraisemblable. Pour le moment, ça ne m’intéresse pas, je le lui dis franchement mais si je trouve quelqu’un dans mon entourage, je ne manquerai pas de le lui faire savoir.

 Les semaines passent, les mois passent, et ça cogite, ça cogite. Dans quel état se trouve réellement cette voiture ? Il y en a marre des 204 toutes pourries vendues pour certaines à prix d’or. En plus, je retrouve le bonhomme à chaque fois à Vincennes sur son vélo et avec ses photos ; il ne manque pas de venir me voir pour me donner d’autres renseignements sur cette voiture.

La dévorante passion des 404 a encore été la plus forte et hop ! C’est décidé, il faut aller la voir. Problème, si le type habite Créteil, la voiture se trouve du côté de Nevers dans un petit garage seul sur un terrain non bâti. Ça fait 10 ans qu’elle ne roule plus mais elle tourne régulièrement à chaque fois qu’il va dans la région.

 Rendez-vous est pris pour un samedi. L’aller se fait sans trop de problème mais je me perds sur l’arrivée dans les petites routes de campagne et bien qu’étant parti largement en avance, j’arrive pile à l’heure au lieu de rendez vous dans un petit village pittoresque. L’individu est là. Il me guide jusqu’à l’endroit où se trouve la voiture. Il ouvre les battants des portes en bois du garage. La voiture est là, j’aperçois la teinte bleue, les ailerons arrière et une sensation bizarre m’envahit comme une satisfaction de voir une 404 mais en plus intense puisque celle-ci s’était particulièrement faite attendre. Bon, ce n’est pas tout ça, il faut se mettre au travail et tout inspecter. Je connais par expérience tous les endroits critiques de cette voiture et ça ne devrait pas poser de problèmes.

Au fur et à mesure de mon inspection, je suis de plus en plus étonné : cette voiture est dans un état de conservation assez phénoménal. Sa peinture est bien celle d’origine, elle est dans un état tout à fait correct si ce n’est une égratignure sur la porte avant droite (faite par un landau alors que la voiture n’avait que 15 jours !!) et quelques tâches sur le capot. Encore plus étonnant : les dessous d’ailes non seulement ne comportent pas un grain de poussière mais sont peints de la couleur de la voiture par-dessus le blaxon. Tous les 6 mois, ils se prenaient le luxe d’un nettoyage en profondeur et d’un coup de peinture. Le dessous de la voiture est aussi impeccable que le dessus. Voyons l’intérieur à présent : le cuir est nickel, pas une seule craquelure. Seul l’accoudoir central à l’avant est juste un peu affaissé. Rien à dire. Même les joints de porte qui sont ceux d’origine sont dans un état de conservation étonnant : 33 ans après, ils sont à peine craquelés. Le toit ouvrant est impeccable et le ciel de toit est d’une blancheur presque insolente. Au sol, des paillassons : je les soulève et Ô stupeur : la moquette d’origine est là, éclatante ; personne n’a jamais posé le pied dessus. Encore plus bas, les planchers sont neufs. Reste à savoir à quoi ressemble le moteur : Encore une surprise : il y a du papier bulle qui le recouvre. Il est d’une rare propreté, et pourtant, il a marché : 190 000 kms. C’est tout de même extraordinaire : on dirait que l’entretien qu’il en a fait a empêché la voiture de vieillir.

Même à l’arrêt depuis 10 ans, aucun doute, la voiture est toujours soignée comme jamais. Va-t-elle démarrer ? Encore plus étonnant, le type la démarre à la manivelle depuis toujours quand elle n’a pas roulé depuis plus d’une journée. Un demi tour de clé pour mettre le contact : le claquement sec fait penser que le démarreur est neuf. La voiture démarre. Elle fait un bruit métallique affreux. Comme par hasard, il me dit qu’elle ne le faisait pas avant. Ça, c’est moyen surtout quand on s’attend à un ronronnement silencieux. Quelque chose a dû se coller. Visiblement, elle n’aime pas trop l’inactivité. Autrement, elle tourne bien. Petit essai rapide. Pas de problème particulier mais elle ne sera pas capable de rentrer à Paris toute seule. Elle n’a pas fait de route depuis trop longtemps. Elle broute un peu et c’est risqué. Ceci étant, la conduite n’a rien à voir avec la 404 que j’ai déjà : celle-ci a la nouvelle grille de vitesse, des freins à disques à l’avant et si ce n’est l’extérieur, on a vraiment l’impression de conduire une autre voiture. Au moment de serrer le frein à main, j’entends un hurlement : « pas comme ça ! ». En tirant la poignée, j’avais eu le malheur de tirer en laissant racler le crochet sur les dents au lieu de l’accompagner délicatement jusqu’à son engrenage final. J’étais réellement en présence d’un maniaque comme on n’en fait plus. Il soignait son bébé. Rien d’étonnant donc à ce que la voiture soit immatriculée BB 94.

 

Conclusion, la voiture n’est pas neuve à cause de son kilométrage mais son entretien suivi et poussé a fait qu’elle est dans un état exceptionnel. Sa longue hibernation en revanche lui cause le besoin d’une sérieuse révision mécanique pour sa remise en route.

Dures négociations autour d’une petite poire (surtout ne pas se laisser abattre), il faut prendre la voiture en l’état. Il n’en est pas question. Pour que je la prenne, il faut un prix correct, qu’elle soit roulante et qu’elle ait son contrôle technique. L’homme finit par céder comme si je lui enfonçais un poignard dans le cœur. Il se débrouillera pour ramener la voiture sur Paris et faire le nécessaire.

Je remonte le soir même sur Paris malheureusement pas en 404 et j’ai le temps le plus épouvantable qui soit : pluie, neige, grêle, brouillard, sur de petites routes non éclairées dont on ne voit pas le bord. Il vaut mieux être prudent.

Quelques mois plus tard, la voiture est prête, je peux prendre livraison.

Depuis lors, cette voiture a repris du service. Dès qu’il fait beau, elle devient mon véhicule principal et à part la ligne d’échappement

superficielles, elle marche toujours aussi bien, le moteur s’est décrassé en faisant de la route. Elle avait  beaucoup roulé mais étant toujours sur le même trajet en 4è, elle n’avait jamais fait de ville avant moi d’où le parfait état d’origine de l’embrayage et de la boîte de vitesse. Le cap des 200 000 Kms vient d’être franchi attestant la robustesse légendaire de cette voiture. Sa facilité de conduite est un régal sur tous les plans et certains accessoires introuvables comme la ligne de coffre suscite parfois des convoitises (n’est ce pas, Alain ?)

Mai 2004.

Deux ans ont passé. Je n’avais jamais revu le premier propriétaire depuis. L’autre jour, je me décide à partir à sa rencontre. Direction Créteil. Après avoir navigué dans des labyrinthes de HLM, je trouve le bon bâtiment. Je sonne chez lui. Un frottement derrière la porte m’indique qu’un œil  m’observe par le judas. Je l’appelle à tout hasard, la porte s’ouvre et un homme hirsute apparaît, à moitié endormi. Lorsqu’il me reconnaît, métamorphose totale : il s’anime, puise une énergie sortie de nulle part, devient un moulin à parole et m’accueille à bras ouverts, tout ravi de pouvoir prendre des nouvelles de son ex voiture. Sa femme me dit qu’elle entend encore plus parler de cette voiture depuis qu’il ne l’a plus. C’était pourtant elle qui l’avait incité à la vendre. Il confirme en me disant qu’il avait longtemps pensé à m’appeler pour savoir s’il ne m’était rien arrivé de fâcheux. Alors imaginez le choc quand je lui annonce qu’elle est en bas. Le pétillement dans ses yeux, un vrai gamin. Un peu plus et il descendait en caleçon. Quelques minutes plus tard nous descendons. Emerveillement total. Au bout de 30 secondes chrono, il a déjà à moitié disparu sous la voiture pour l’inspecter sous toutes les coutures. Heureusement pour moi, elle n’est pas trop sale. Il savait exactement l’état dans lequel il me l’avait laissée et il remarque tout de suite les petits détails qui ont changé comme par exemple les optiques ou même les joints de cuvelage. Il est étonnant, il part chercher dans son box un chiffon et un peu d’essence pour nettoyer les joints des clignotants un peu noircis. Puis il retrouve les gestes machinaux qu’il devait faire 3 fois par jour en dépoussiérant le compartiment moteur avec son chiffon. Tout le monde me dit que ce moteur est très propre ; pour lui, il est sale comme tout. Il n’y a qu’un type dans son genre pour vouloir nettoyer un moteur déjà propre. Je lui propose de m’aider un de ces jours à lui faire un petit dépoussiérage si ça lui faisait plaisir. Que n’avais-je pas dit là. Il était déjà partant pour venir chez moi deux jours plus tard. Il est donc venu bichonner son joujou à coup de dépoussiérant, de petits coups de peinture par ci par là, même le pont y a eu droit,  jusqu’à ce que je le retrouve maintenant plus propre que propre.

Décidément, à force d’être entretenue jusqu’au moindre boulon, la belle a encore de beaux jours devant elle.

Comme quoi les sorties de grange peuvent venir à vous. Si un jour vous voyez un type qui se balade à bicyclette avec des photos de voiture dans les poches et des histoires d’entretien à dormir debout, avant de le cataloguer dans le répertoire « excentrique », ne le laissez pas partir avant de voir ce qu’il peut vous proposer. 

 

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Pierre

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